Une nouvelle apiculture....par amour des abeilles.

La conférence sur le thème «  Leçons tirées de l’observation des ruches naturelles » prononcée ce dimanche 03 avril au Palais des Congrès de Souillac par Serge Labesque, aurait pu en effet s’intituler ainsi !

Le conférencier, né dans le Gers, vit dans le Comté de Sonoma ( Californie) depuis 31 ans. Chercheur, il a observé pendant des années les ruches naturelles installées dans des troncs d’arbres et en a déduit les règles qui régissent désormais sa conduite d’un rucher.

Nous en retiendrons que l’apiculteur doit essentiellement oeuvrer par amour des abeilles et les aider à renforcer, par leurs propres moyens, leurs capacités à faire face aux agressions du monde moderne. N’ont elles pas survécu à tous les cataclysmes survenus depuis plus de 50 millions d’années ?

Sans langue de bois, il nous a mis devant nos responsabilités car il est urgent de tout faire pour pérenniser l’espèce terriblement menacée par les dégâts causés par l’homme sur son environnement. 
 




                          

                                     Vue de l'assistance                                            MM. Delpuech, Bétaille, Labesque et Picco


                      

                      Deux modèles de ruches de S. Labesque                       Les cadres ne sont pas équipés de cire gauffrée



Il part de la constatation qu’il n’y a pas de ruche parfaite, mais que l’idéal pour les abeilles est de vivre dans une enceinte sans humidité, de pouvoir déplacer le nid à couvain de haut en bas au gré des saisons, d’avoir la possibilité de répartir les provisions d’hiver afin de les conserver au plus près d’elles pendant la mauvaise saison. Il a observé que la sélection naturelle est à l’œuvre dans toutes les ruches par le biais des organismes pathogènes et au travers de l’environnement. Il préconise donc d’abandonner définitivement tous les produits phytosanitaires de traitement, produits qui maintiennent en vie des populations faibles qui de ce fait diminuent globalement les capacités de résistance de toute l’espèce. Il insiste aussi sur la diversité génétique à préserver en multipliant les ruchers sur le territoire pour éviter la consanguinité. Il a enfin constaté combien l’introduction de génotypes étrangers déstabilise les populations d’abeilles locales, mieux adaptées à leur environnement.


 

                                           Serge Labesque et Jean-Paul Picco au rucher de Glen Ellen ( Californie)



Les  400 personnes ( peut être plus !) qui ont eu le privilège d’écouter Serge Labesque, qu’ils soient apiculteurs ou simplement citoyens sensibilisés par la disparition des abeilles, retiendront finalement que sa nouvelle approche de l’apiculture s’appuie sur des principes simples, tirés d’une observation rigoureuse de la nature, qu’il n’y a plus lieu de traiter les ruches contre les maladies et leurs parasites et qu’il ne faut utiliser et propager que des abeilles locales.

En partie responsable de l’hécatombe actuelle, l’apiculteur doit donc se remettre en cause et arrêter d’affaiblir l’espèce par des pratiques qu’il a pu croire bénéfiques pour son rucher mais qui globalement étaient particulièrement néfaste à l’espèce.

Une conférence qui restera un moment inoubliable et qui conduira certainement de nombreux apiculteurs à suivre les préceptes de ce brillant apiculteur français de Californie.


Jean-Paul PICCO