Soumis par lichen le
« Les bases de l'apiculture biodynamique »
"L'apiculture biodynamique s'appuie sur des conférences donnés par Rudolf Steiner en 1924. Ces huit conférences sont réunies dans un livre intitulé « Les fondements spirituels de la méthode biodynamique » ou plus communément nommé « Le cours aux agriculteurs » .
Les notions de polarités, de forces agissantes plus que de substances actives et un regard sur la nature du vivant porté par les quatre éléments, caractérisent l'approche biodynamique. Le rythme du déplacement des planètes et de la lune dans les constellations du zodiaque sont également déterminants dans le regard porté sur ce qui influence la vie en général et en particulier pour les interventions dans les colonies au cours des travaux saisonniers : la récolte, l'essaimage et la multiplication des colonies. Les soins apportés aux colonies consistent en tisanes de plantes avec des apports de médicaments homéopathiques.
Un lien très ancien entre les abeilles et les vaches
Notre abeille domestique se nomme Apis comme la Divinité égyptienne et une illustration du 17e siècle la représente par quatre étoiles dans la constellation du Taureau.
En Égypte, 2600 ans av.J.C, le soleil se levait au printemps dans la constellation du Taureau et le dieu Apis était représenté par un taureau portant le soleil entre ses cornes. Des légendes évoquent aussi la naissance des abeilles à partir des entrailles d’un bœuf sacrifié.
A Éphèse, en Grèce, les prêtresses étaient appelées « Abeilles » .
En Europe, l'apiculture qui était une des activités des monastères, était pratiquée avec des ruches en paille recouvertes de bouse de vache. Vaches et abeilles sont donc intimement liées dans l’histoire de l’Humanité et tiennent une place essentielle pour l’économie de l’agriculture et la santé de l’homme.
Nous pourrions nous demander si, depuis la crise de « la vache folle » , notre abeille n'est pas elle aussi, avec le syndrome d’effondrement des colonies, devenue « folle » à sa façon. La désertification des colonies due à une perte de son orientation pourrait aussi être comparée à la maladie d’Alzheimer pour l'homme.
Polarité : calcaire siliceEn observant une abeille visitant une fleur, nous voyons un échange concret de substances mais nous pouvons aussi ressentir qu’il se passe autre chose sur un plan subtil entre l’abeille et la fleur, et de non qualifiable par nos sens ordinaires, quelque chose « d’extra-ordinaire ». Quels échanges subtils se réalisent à cet instant entre la plante et l’insecte ?L’abeille en butinant est tournée vers le soleil. Après un contact rapide et délicat avec les antennes, elle prélève le pollen et le nectar que la plante lui offre. De retour à la ruche elle dépose les pelotes de pollen ou donne le nectar à une abeille réceptrice, puis repart butiner.Si nous observons une vache broutant dans un pré, son attitude est toute différente. Sa tête est tournée vers le sol pendant qu'elle absorbe l’herbe dans un rythme mesuré mais constant ; elle engrange, puis se pose pour ruminer. Elle est alors entièrement concentrée sur elle-même, son regard est absent. Elle « pense » avec sa panse et semble méditer.
Elle apporte le fruit de cette méditation d’un côté dans le lait et d’un autre dans sa bouse qui nourrira la terre. La vache transforme l’herbe en lait pour élever son veau mais produit beaucoup plus de lait et en fait don à l’Homme pour élever son enfant. Le lait pénétré des forces de lumière et riche en calcium se cristallise en caillant. L’enfant peut ainsi construire son squelette grâce à ces forces de lumière et de chaleur transformées par la vache.D’un autre côté l’abeille en butinant s’élève vers la fleur et se tourne vers le soleil pour récolter le pollen et le nectar de la plante. De retour à la ruche la butineuse transmet avec sa langue sa récolte à une ouvrière qui la retransmet ensuite à une autre ouvrière. Commence alors une « rumination » collective à l'intérieur de la ruche, avec le nectar que les abeilles reprennent en y ajoutant des enzymes, jusqu’à ce qu’il devienne miel par une alchimie subtile.
Nous voyons là deux gestes polaires entre la vache et l’abeille dans l’élaboration des substances. Le geste de la vache tourné vers la Terre, qui absorbe, concentre dans le mouvement dynamique accompagné par la chaleur de la digestion en lien avec les forces terrestres, l'autre geste de l'abeille tourné vers le Soleil qui rayonne et cristallise les forces de lumière dans le miel par l'élaboration des sucres et arômes, accompagné par les forces de chaleur de la ruche.
Nous retrouvons la polarité entre la vache et l'abeille dans la façon dont le lait et le miel sont élaborés. Le lait a un rapport avec les forces terrestres de densification par l'accumulation de substances et la construction de l'ossature. Le miel a un rapport avec les forces de lumière solaire permettant à l'homme de s’extraire des forces de pesanteur terrestre qui, à l’excès, le figeraient et stimulent l'édification d'une structure harmonieuse et rayonnante. La vache et l’abeille dans un même geste de don vers l’homme, apportent ces forces de lumière et de chaleur complémentaires. Le lait permet à l’enfant de s’incarner en structurant un corps physique harmonieux, le miel apporte à l’adulte les forces de lumière qui s’opposent au vieillissement et à la sclérose et oriente ses pensées vers le spirituel.
L'abeille solaire
Dans le règne animal, l’abeille est la seule de son genre. C’est un insecte à sang froid produisant de la chaleur et maintenant dans sa colonie une température proche de celle de l’homme. La reine est élevée dans une cellule ronde pendant 16 jours, l’ouvrière dans une cellule hexagonale pendant 21 jours, et les mâles pendant 24 jours. Qu’est-ce qui justifie trois périodes différentes de gestation pour un même insecte ?
Le Soleil, qui effectue une rotation sur lui-même entre 21 et 29 jours, imprime fortement son impulsion à cet organisme que représente une colonie. L’ouvrière est solaire et terrestre : après sa gestation de 21 jours, elle effectue toutes les fonctions de nourrissement et d’entretien au cœur de la colonie pendant 21 jours, puis sort butiner pendant 21 jours dans la lumière du printemps à l’automne avant de mourir.Les mâles ont une fonction de reproduction liée à la vie terrestre et restent dans leurs cellules pendant 24 jours avant d’être éliminés à l’automne. Ils sont ainsi totalement marqués par les forces de pesanteur terrestre. La reine, en ne restant que 16 jours dans sa cellule, reste sous l’influence du Soleil et s'extrait totalement des forces de la Terre jusque dans la forme de sa cellule. Elle n’attend pas la fin de la rotation du soleil pour naître et elle est fécondée en vol au plus près du soleil, rien en elle n'est terrestre.
La forme de sa ponte sur les rayons est circulaire quel que soit le support. Elle reste toujours dans la ruche et ne sort que pour sa fécondation et au moment de l’essaimage.
Les ouvrières ont besoin de 21 jours pour naître, elles sont autant liées aux forces solaires qu'à celles de la terre puisqu'elles ont la fonction de butiner et de transformer les substances ainsi que de construire des cellules de cire.
Si nous comparons la colonie à un « organisme individualisé » et autonome, chaque abeille en est une cellule. Les abeilles effectuent différentes tâches durant leur vie au sein de la colonie, d'abord nettoyeuses puis nourrices, elles deviennent cirières, ventileuses, gardiennes au terme de 21 jours à l'intérieur de la ruche, puis butineuses pour 21 jours encore. Ces groupes d'abeilles aux fonctions bien établies constituent les organes d'un même corps. Le squelette de cet organisme est édifié à partir de cire qu'elles sécrètent et façonnent en cellule hexagonales.
Nous pouvons ainsi considérer une colonie d’abeille comme un organisme individualisé et autonome. Les soins que nous lui apporterons pourront être orientés de la sorte à soigner « l’organe » éventuellement malade, comme pour les maladies du couvain dues à une trop grande influence des forces matérialisantes avec le nourrissement au sucre ou l'absence de richesse pollinique. Nous apporterons des forces de chaleur et de lumière par un sirop à base de miel et d'une tisane de plantes porteuses des forces de chaleur et de lumière, comme la prêle et l'ortie pour la silice, le romarin, la lavande pour la chaleur, etc.
L'abeille chaleur
Une colonie vit repliée sur elle-même, isolée du monde par la propolis et baignant dans une atmosphère pénétrée de venin. Si celui-ci pénètre la peau, il provoque une douleur importante puis de la chaleur et un gonflement des tissus. En excès il peut accélérer le rythme cardiaque et devenir mortel. Quand le miel est mûr une abeille dépose une goutte de ce venin dans la cellule avant son operculation.Ce venin est porteur de forces de chaleur qui seront ainsi assimilables pour l’homme.Une colonie dont la reine a deux ans et plus entre dans un processus de régénération par l’essaimage. Celui-ci commence par l’édification de cellules de reine et l’augmentation du nombre d’abeilles et de mâles dans la ruche. « L’organisme ruche » se dilate, la température à l’intérieur de la colonie augmente et les constructions de cire deviennent désordonnées ; un chaos se crée, c’est « la fièvre d’essaimage » . Le processus « chaleur » accompagne cet état de chaos, puis la vieille reine sort avec la moitié de la colonie. Nous pouvons ressentir cette chaleur en mettant notre main à travers un essaim posé sur une branche. En même temps nous ressentons les forces de vie qui s’y expriment alors que cette masse est inerte.
Il est important de laisser un essaim posé le plus longtemps possible car il va ainsi puiser des forces dans le cosmos tout en baissant sa température. La joie, la confiance en l’avenir porteur d’espoir nous pénètrent au contact d’un essaim, nous ressentons ces forces de vie comme à la naissance d’un enfant. Une semaine plus tard une nouvelle reine naîtra dans la ruche qui vient de se diviser et après sa fécondation, elle pondra les premières ouvrières.
Par ce processus les abeilles se régénèrent et se multiplient depuis des millénaires. Nous pouvons, en respectant et accompagnant ce processus porteur d’une grande sagesse, participer à la santé des abeilles.
La cire
La larve se développe dans une cellule de cire hexagonale à l’image du cristal de silice, celle-ci est construite non pas à partir d’éléments extérieurs à la colonie mais à partir d’écailles de cire que l’ouvrière extrait de son propre corps.La colonie qui construit librement ses rayons ne suit pas un modèle en lignes droites, même dans une ruche à cadres, elle semble suivre les ondulations de courants de vie, comme l'eau ou les plis de l'écorce sur un arbre. Sa forme est toujours sphérique à l'image de la cellule de reine et de la ponte du couvain.Quand une colonie disparaît, il ne reste que les rayons de cire, à l’image du squelette pour l’homme après la mort. Cette cire transformée en bougie produit lumière et chaleur. La colonie édifie son « squelette » à partir de lumière et de chaleur provenant du Soleil.
ConclusionEn hiver les « forces » rayonnant du cosmos pénètrent la Terre et sont ensuite assimilées par les plantes au printemps. Ces forces se retrouvent dans toutes les parties de la plante de la racine jusqu'à la graine. Notre abeille récolte le pollen et le nectar et les apporte ensuite dans la ruche.Transformées par les éleveuses, ces substances porteuses de forces de chaleur et de lumière, serviront à nourrir les larves et à produire la gelée royale qui sera donnée à la reine toute sa vie.
La transformation de ces forces, dans la lente élaboration du miel par les abeilles jusqu'à l'operculation de la cellule, est une merveilleuse alchimie. Aucune substance ne peut remplacer ce qui est source de santé et de vitalité pour les abeilles, car ce n'est pas uniquement les protéines ou le sucre présent dans le pollen et le nectar dont les abeilles se nourrissent mais bien de « l'énergie subtile » dont ces substances sont porteuses.Il est évident que la santé des colonies dépendra bien sûr de la qualité de l'environnement des ruchers et des plantes butinées. Celles-ci ont besoin de la présence des abeilles pour fructifier autant par la pollinisation mécanique que par l'apport d'acide formique que les abeilles dispensent au moment de la rencontre. Les plantes en échange, offrent le pollen et le nectar que l’abeille va transformer en nourriture pour sa colonie et offrir à l’Homme pour sa santé. La conscience et le respect avec lesquels l'homme accompagne les abeilles sont aussi de forces de guérison pour elles.
Sans cette alchimie réalisée par les abeilles les substances prélevées dans les fleurs ne seraient que des éléments chimiques, mais ainsi transformées elles portent et véhiculent les « forces de guérison du cosmos » rendues assimilables par les abeilles. Ces substances s’opposent au vieillissement des cellules et stimulent les forces de vie. Par ces processus le miel devient un médicament.
L’homme en consommant du miel reçoit ces forces d’Amour que les abeilles offrent généreusement et accompagne ainsi ses actes et ses pensées de chaleur et de lumière.
En présentant le miel, Aristote évoque ses vertus curatives portées par les substances qui le composent.
« Tous les médicaments sont dans les fleurs, toutes les fleurs sont dans le miel »
Aristote, (-384-322 av. J.C)Le lien qui unit l’Homme et l’Abeille depuis des millénaires est une source d’inspiration pour tenter de comprendre ce que sera l’avenir de l'Homme en observant la vie de l'Abeille. Nous pouvons aujourd’hui constater une situation préoccupante pour l’un comme pour l’autre. Mais cette situation nous offre aussi la possibilité d’élargir notre vision, vers un avenir plus fraternel et plus respectueux de l’environnement, à l’image des colonies d’abeilles."
Thierry Bordage
janvier 2017
Pour celles et ceux qui souhaitent s'informer davantage : http://www.bio-dynamie.org/biodynamie/
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