Visite de printemps

Première visite : à la fin de mars ou dans les premiers jours d’avril, nous nous rendons au rucher, par une belle journée, muni du voile et de l’enfumoir. Une grande activité règne déjà parmi les abeilles…


 
Texte de Mr Victor Chayriguet : 60 ans de passion pour l’abeille et le métier d’apiculteur

A la fin de mars ou dans les premiers jours d’avril, nous nous rendons au rucher, par une belle journée, muni du voile et de l’enfumoir. Une grande activité règne déjà parmi les abeilles, elles profitent des quelques rares beaux jours pour faire provision de pollen sur les pissenlits, les noisetiers et récolter l’eau qui leur est nécessaire pour préparer la nourriture du couvain (bouillie faite d’un mélange de miel, pollen et eau).

Il est de la plus haute importance que l’abeille trouve cette eau indispensable ; dans le cas ou il n’y aurait pas à proximité du rucher une mare, un cours d’eau ou un ruisseau quelconque, on devrait mettre à sa disposition des baquets remplis d’eau, dans lesquels on aura soin de placer des grosses pierres, de la mousse, des rondelles de bouchons, pour qu’elles puissent s’approvisionner sans risque de se noyer. Ces abreuvoirs seront placés dans un endroit abrité des vents autant que possible au soleil et non loin du rucher, car il faut éviter aux abeilles les pérégrinations à longue distance à une époque ou les vents froids ou les giboulées peuvent occasionner une foule d’accidents regrettables.

L’activité des abeilles, à l’entrée des ruches, nous permettra de préjuger de la force des colonies : Les allées et venues vers les trous de vol seront d’autant plus nombreuses que les ruches seront plus populeuses.

Nous remarquons également, aux abords des entrées, des abeilles tournant autour de la planche d’envol, montant et descendant décrivant des cercles sans s’éloigner de la ruche : Ce sont les jeunes abeilles qui sortent pour la première fois et apprennent à reconnaître leur ruche comme si elles voulaient bien fixer leur mémoire.

Ce va et vient des jeunes abeilles est appelé, par certains auteurs, « le soleil d’artifice », plus il est animé, plus la ruche sera populeuse.

Nous commencerons alors notre première visite, au cours de laquelle chaque ruche devra être examinée à fond.

Pour cela, après l’avoir enfumée légèrement à l’entrée, nous soulèverons le toit, en nous souvenant que dans toutes nos manipulations, nos mouvements ne doivent pas être brusques ; c’est le meilleur moyen d’éviter les piqûres.

Avec le lève cadre nous décollerons le plateau et examinerons alors les cadres, toujours en enfumant. Généralement ; la population est plus portée d’un coté de la ruche que de l’autre ; nous commencerons par le côté ou il se trouve le moins d’abeilles ; nous aurons alors un vide qui va nous faciliter la visite des autres cadres. Tous les autres étant visités, nous les ferons glisser de manière qu’ils reprennent leur place de façon que la reine retrouve la même rotation de ponte ; nous replaçons le cadre ou les deux que nous avions déposé dans uns ruchette ou un carton.

Remettons le couvre cadre, la fiche technique et le toit. 

Si les réserves sont légères, il sera bon de nourrir, car du mois d’avril jusqu'à fin mai, les provisions vont vite s’épuiser ; pendant cette période, une colonie peut consommer une dizaine de kilos de miel. Sachant que trois décimètres carrés de miel operculé de chaque coté du rayon représentent environ un kilogramme, il est facile, lors de la visite de la juger si elle possède la quantité de miel nécessaire pour atteindre la fin du mois de mai.

Si notre examen nous montre que la quantité d’aliments n’est pas suffisante, il nous faudra nourrir artificiellement la colonie avec du sirop que nous disposerons dans le nourrisseur, vers le soir ; celui ci n’étant accessible qu’aux abeilles de la ruche, nous éviterons ainsi le pillage qui ne manquerait pas d’avoir lieu si nous mettons le sirop au dehors. Par la suite, nous nous arrangerons de façon à donner le complément de nourriture à l’époque de l’hivernage, afin de supprimer ce nourrissement de printemps.

Si dans notre visite, nous avons trouvé une ruche sans couvain, c’est à dire orpheline, nous devrons en réunir la population à une autre colonie ou, dans les premiers jours qui suivent, la renforcer par un petit essaim.